lundi 17 décembre 2007

Le SPOR remporte le derby






Rouen avait plus de souffle

Dominé à deux reprises la saison passée, le SPO Rouen a repris l'avantage sur l'ALM Evreux, samedi aux Cotonniers au terme d'un derby palpitant qui s'est dénoué dans les 8 dernières secondes (91-83). « On s'est fait peur, souligne Martin Le Pellec. Ce n'est pas Evreux qui est revenu, c'est nous qui l'avons laissée faire. » Les Seinomarins pointent toujours seuls en tête et n'ont plus qu'un adversaire direct sur les talons, Bourg-en-Bresse. Perdante pour la 5e fois en 6 matches, l'ALM tombe à la 8e place aux côtés de Quimper, Limoges, Aix et Boulazac. Retour sur les faits marquants de ce derby.

UN FINAL HALETANT
L'affaire paraît entendue, un panier à trois points de Dorsey à l'entame du dernier quart-temps confère 18 points d'avance au SPOR (74-56, 31e). L'équipe de Michel Veyronnet en possède encore 13, six minutes plus tard (80-67). Plus la fin de la partie approche, plus l'ALM se fait pressante, essentiellement grâce à des tirs kamikazes à trois points. D'abord de Downey (81-75 à 54'' du terme) puis de Kahudi, à deux reprises, à 35 (86-80) puis à 20 secondes du buzzer (86-83). Thioune arrache alors deux lancers francs, en principe fatals aux Eurois. Que nenni, il n'en convertit aucun, dans la continuité d'une soirée maudite dans cet exercice (1/8). L'ALM dispose alors de 8''6 pour égaliser. Il en faut moins de deux à ...Thioune pour dérober le ballon des mains de Kahudi, en charge de la remontée du ballon après la sortie de Downey pour 5 fautes (40e).
« Nous sommes parvenus à mettre de la folie dans le final, commente Rémy Valin, le coach de l'ALM. Seulement, ce n'est pas sur la dernière action que nous perdons le match. C'est plutôt dans le 3e quart-temps (25-13). Nous avons commis des erreurs de concentration, donné beaucoup trop de points. Une fois de plus la chance n'est pas de notre côté. Je constate tout de même que nous sommes une équipe dure à battre. » Côté rouennais, Michel Veyronnet déplorait ce suspense dont il se serait bien passé. « Nous avons construit notre succès pendant 35 minutes puis nous nous sommes sabordés pendant quatre minutes. Nous avons voulu attaquer la zone par des shoots à trois points. C'était la pire réponse à donner à ce moment-là. Tactiquement, nous manquons encore d'expérience pour être une grande équipe. »

UN BANC PREPONDERANT
Handicapée par l'absence sur blessure de Micoud, l'ALM a pu mesurer l'importance des hommes du banc. Certes, Rémy Valin a lancé dix joueurs dans la partie mais parmi les suppléants, seuls Houmounou (7 points mais 4 balles perdues) mais surtout Lessort (10 points et 8 rebonds) ont vraiment apporté un plus à l'équipe. Tandis que les réservistes eurois inscrivaient 17 points sur 83 (soit 20,5% de ce total), leurs homologues du SPOR en marquaient 36 sur 91 (soit presque le double à 39,5%). Non seulement, Williams, Le Pellec, Elisabeth-Mesnager et Vounang ont alimenté le tableau d'affichage mais ils ont aussi pesé sur les autres secteurs. La preuve, hormis Liorel (2), les Rouennais affichent une évaluation allant de 9 à 19 pour Vounang.
Si le score fut serré jusqu'au bout, les Seinomarins ont remporté le match haut la main à l'évaluation (105 à 79). « C'est un banc productif, s'enflamme Michel µVeyronnet. Le travail de toute l'équipe a été bien réparti.»

UN COLLECTIF MIEUX RODE
« Nous manquons de passes, de fluidité. C'est là où la présence d'Eric (Micoud), son expérience, se font sentir », admet Rémy Valin dont l'équipe n'a été créditée que de 9 offrandes, dont 4 pour son meneur Downey. Les Rouennais ont eux fait une démonstration d'altruisme avec 25 passes réparties entre les 9 participants, le plus généreux étant Moncade (6).
Au classement général, ils pointent d'ailleurs largement en tête dans cette ligne de stat avec 18,7 passes de moyenne par match.

ALAIN GESLIN
Lundi le 17 décembre 2007


Thioune : « Je ne suis pas un surhomme »


Cheihkou Thioune est passé par tous les sentiments samedi soir. Bredouillant sur la ligne des lancers francs (1/8), il a chipé le ballon de la gagne à Kahudi dans les dernières secondes puis s'est dirigé vers le banc de l'ALM, son ancien club. Cette attitude n'a guère plu aux Eurois, joueurs, dirigeants et supporteurs. Le Franco-Sénégalais raconte cette folle soirée.

Quel est votre rôle sur la dernière possession de l'ALM alors qu'il ne reste plus que 8 secondes et 6 dixièmes à jouer ?
Cheikhou Thioune : « Il faut mettre la pression, faire faute pour empêcher l'ALM de tirer à trois points. Je connais bien Charles (Kahudi) pour m'être entraîné avec lui la saison passée. Je sais qu'il y a une chance qu'il parte avec sa main gauche sur la droite. Alors, je tente ma chance, j'anticipe. Sur ce coup-là, je n'avais aucun cadeau à lui faire. »

Que s'est-il ensuite passé avec le banc de touche de l'ALM vers lequel vous vous êtes dirigé?
« Rien, j'avais juste envie de rigoler avec le coach Rémy Valin. J'ai beaucoup de respect pour lui. J'apprécie son boulot. Nous avions établi une complicité la saison passée à Evreux. Il m'a beaucoup aidé pour que je progresse dans mon shoot. Certains ont mal interprété ce geste, c'est dommage. »

Comment expliquez-vous votre piètre rendement au lancer franc ?
« Je me suis dit dès le départ que ce ne serait pas mon jour. Je sentais mon cœur battre différemment. Beaucoup de choses m'ont traversé la tête. Je sais très bien que ça n'a rien à voir avec le technique et que ça ne sert à rien de venir faire une séance de tirs demain. Il y a beaucoup de choses à gérer aujourd'hui.
Je ne suis pas un surhomme, je ressens la pression du derby, de notre première place à défendre et puis de cette suspension qui me menace. J'étais à Paris vendredi pour me défendre (du coup de tête infligé au Portellois Recoura lors d'un match amical en septembre). J'attends de nouveau la lettre recommandée. Tout ça, ce n'est pas facile à vivre. »

PROPOS RECUEILLIS PAR A. G.

Monnet : « je ne suis pas inquiet »


Evreux est tombé sur le parquet des Cotonniers (91-83). Un match très disputé, à un peu moins de neuf secondes de la fin Monnet et ses partenaires sont revenus à trois longueurs (86-83) donnant quelques sueurs froides au staff rouennais. Le capitaine de l'ALM, Jérôme Monnet reste positif malgré ce nouveau revers, le cinquième en six rencontres.
« Je suis déçu par cette défaite, par cet enchaînement d'échecs. On s'était habitué à l'inverse, aux victoires qui se succédaient précédemment. Nous vivons une période difficile depuis quelques semaines, depuis les blessures qui ne s'arrêtent pas. Et dès qu'il y a un grain de sable qui vient enrayer notre travail, cela pose un problème. »
Sans Micoud, l'une des fines gâchettes de l'équipe, Evreux n'a pas sombré, n'accusant que trois points de retard à la pause (46-43). C'est dans le troisième quart-temps que tout a basculé. « On arrête de jouer collectivement, analyse le capitaine de l'ALM, tout le collectif doit participer au jeu offensif, nous n'avons pas un groupe assez fort pour jouer en un contre un.
Et dans un match difficile, particulier comme un derby cela ne pardonne pas. Cette rencontre on la perd dans le troisième quart-temps, sur des balles perdues (NDLR: cinq en dix minutes, contre seulement six en première période) transformées en balles de contre-attaque qui donnent des paniers faciles aux Rouennais. »
Le quatrième quart-temps Evreux l'a remporté (20-27), insuffisant tout de même pour faire basculer le score en sa faveur. « Un réveil trop tardif, souligne Eric Micoud, blessé, sur le banc tout comme Jean-Emmanuel Le Brun, très près de leurs équipiers pour les encourager. Nous avons fait des choix à certains moments discutables, nous n'avons pas joué suffisamment en passe..» Il est vrai que les passes décisives n'ont pas été très nombreuses, les stats parlent d'elles-mêmes.
En attaque, Evreux a pêché en raison d'un manque de collectif « mais nous n'avons pas de réussite comme c'est le cas depuis quelque temps, insiste Jérôme Monnet. Théoriquement un jour ou l'autre la chance va tourner, ou alors nous sommes vraiment maudits ! Je ne l'espère pas, c'est bien pour cette raison que je ne suis pas inquiet, même si mardi nous accueillons Bourg-en-Bresse, le second, qui vient de battre Brest. Pour les autres cela sera un match comme un autre, en revanche c'est mon derby à moi… C'est mon club d'origine !»

C.L.
Lundi le 17 décembre 2007