samedi 15 décembre 2007

Articles PN sur le derby






Le SPO Rouen et Le Brun

Les conditions dans lesquelles le capitaine historique du SPORouen a décidé de rejoindre l'ALM restent un sujet sensible.Le président du SPORouen, Jean Prouin, n'a que modérément apprécié les termes que nous avons employés dans notre édition d'hier pour rappeler le départ de Jean-Emmanuel Le Brun vers Evreux en fin de saison dernière. «Il ne sera pas conservé par le club, sous prétexte de nouveau cycle et de renouvellement des cadres» affirmions-nous. «Faux !» rétorque le président rouennais assurant avoir alors fait une proposition intéressante à l'international ivoirien. «Je lui ai proposé un an de contrat renouvelable mais il voulait absolument deux ans de contrat. C'est lui qui a choisi. Mais moi face à un joueur de 34 ans, je ne voulais par m'engager plus» rectifie-t-il. Dont acte.

Les clés du choc normand

Un match se joue souvent à bien peu de choses. Un derby peut-être encore plus qu'un autre. Gros plan sur les domaines qui pourraient faire la différence entre Rouennais et Ebroïciens.
Une attaque, une défense
Le SPO Rouen cultive cette saison un style enjoué, une envie d'exploiter les atouts offensifs de ses ailiers artilleurs (Dorsey, 18,2 points de moyenne) et fonceurs (Thioune, 13) et de ses intérieurs opportunistes (11,2 pour Williams et 10 pour Vounang). La formation de Seine-Maritime dispose de la 2e attaque du championnat en général (81,6 derrière Nantes, 84,9) mais aussi à domicile (84 points contre 84,1 à Limoges). « Le projet de l'ALM est surement plus défensif que le nôtre, constate Michel Veyronnet, même si nous sommes aussi attentifs sur ce secteur (73,5 points encaissés de moyenne aux Cotonniers).»A Evreux, quand la défense va, tout va. En octobre, les Ebroïciens ont fait preuve d'une intensité rare et ont aligné cinq victoires aux dépens, notamment, de Limoges, terrassé à Jean-Fourré, Boulazac ou Poitiers.Depuis début novembre, l'ALM n'est plus aussi intransigeante. Bilan : quatre défaites lors des cinq derniers matches.
La fraîcheur physique
Avec treize matches en moins de trois mois de compétition, les organismes commencent à souffrir. Cette semaine, les Rouennais n'ont pas disputé un seul entraînement au complet. Convoqué à Paris hier devant la chambre d'appel de la Fédération pour répondre de son coup de tête sur le Portellois Recoural, Thioune n'a pas participé hier aux ultimes réglages. Antoine Liorel et Darnell Williams ont « séché » les séances du début de semaine, en raison de douleurs aux cuisses. Moncade qui s'est retourné les doigts de la main gauche a observé une journée de repos mercredi. Toffin a toujours des difficultés avec un auriculaire, Elisabeth-Mesnager se remet tout juste d'une luxation du pouce droit et Le Pellec traîne une béquille au mollet droit. « Il ne faut pas chercher d'excuses, tout ça fait partie de la vie d'une équipe », observe Michel Veyronnet.Côté ébroïcien, Valin devra faire ce soir sans son capitaine Eric Micoud, touché à la cuisse, et avec un Kahudi diminué par des douleurs au genou. Problème : le reste de l'effectif n'est guère plus frais. Konaté et Menama sont tout juste remis de leurs entorses à la cheville, Djordjic est encore souffreteux après cinq semaines d'arrêt alors que Monnet, Downey et Mathis payent aujourd'hui les efforts d'octobre. Pas idéal.
Le banc
Les habituels remplaçants du SPO Rouen sont tous internationaux. A des degrés divers. Cet été, le Camerounais Vounang a terminé vice-champion d'Afrique des Nations. Elisabeth-Mesnager a quant à lui eu la possibilité de défendre les couleurs de la Réunion lors des Jeux de l'Océan Indien. Quant à Le Pellec et Liorel, ils ont respectivement disputé les championnats d'Europe espoirs et juniors. « C'est un banc de luxe », s'enthousiasme Veyronnnet. « Il nous donne entière satisfaction, il dynamise le cinq majeur », complète son asssistant David Dubosc.Lors des deux dernières journées, le banc à inscrit 29 et 22 points des 80 et 63 rouennais, soit plus du tiers du total.Les rotations ébroïciennes paraissent en effet bien tendres par rapport à celles du SPOR. Avec une moyenne d'âge de moins de 22 ans, le banc de l'ALM ne permet pas à Valin de faire souffler son cinq majeur autant qu'il le souhaiterait. D'autant que seuls Houmounou, Lessort et Djordjic sont aujourd'hui en mesure d'avoir un impact sur le match.

PN

A. G. et M. R.






Le Brun grand absent

Huit mois déjà qu'il a quitté les Cotonniers. L'antre du SPO Rouen. Longtemps la sienne aussi. Pendant neuf ans, Jean-Emmanuel Le Brun a fait de la salle rouennaise son jardin. Arpentant son parquet de long en large. Aux entraînements comme en match. Aux Cotonniers, il a tout connu. L'anonymat des joutes de N2 d'abord, les fastes de la Pro A ensuite, les adieux enfin le 2 mai dernier contre Limoges (82-66). Sans le savoir, il a livré ce soir-là son dernier match sous les couleurs rouennaises. En rendant une feuille de statistiques riches de 11 points, 11 rebonds et 3 passes décisives, le capitaine du SPOR avait fait le « métier ». Comme toujours.Quelques semaines plus tard, il ne sera pourtant pas conservé par le club. Sous prétexte de nouveau cycle et de renouvellement des cadres. Dur, très dur pour l'international ivoirien. Preuve supplémentaire aussi que les histoires d'amour finissent mal en général. Demain soir, pourtant, Le Brun aurait dû retrouver les Cotonniers. Dans le rôle de l'adversaire cette fois.Enrôlé par le voisin et ennemi ébroïcien, celui qui fut l'âme et le cœur du SPOR pendant près d'une décennie attendait le rendez-vous avec impatience. Question de fierté. Sans doute l'occasion d'une mise au point ballon à la main aussi. Malheureusement, l'ailier de l'ALM ne sera pas au rendez-vous. Blessé dans sa chair cette fois.L'homme n'a plus foulé les parquets depuis le 22 septembre et la première journée de Pro B. Victime d'une fracture de fatigue au pied après avoir été désigné MVP lors de la victoire obtenue par l'ALM à Saint-Quentin (67-60) puis ensuite d'un accident de voiture qui le laissera sur le flanc jusqu'en avril prochain. Samedi, il sera donc le grand absent. Sur le parquet seulement car le Franco-Ivoirien a promis d'être là. En supporter cette fois. Reste à savoir de quelle équipe…

Matthias Rogier



Le SPOR est en avance

L'ALM Evreux a toujours figuré au sein de la Ligue Nationale, depuis sa création en 1987. Les Eurois disputent cette saison leur quinzième exercice au deuxième échelon professionnel. Entre 1995 et 2001, ils ont même joué pendant six saisons en Pro A. Pris en main en 1995 en Nationale 3 par le tandem Jean Prouin-Michel Veyronnet, le SPO Rouen a alors entrepris une fulgurante ascension marquée par des titres de champion de France en N3, N2 et N1, avec une accession en Pro B en 2003. « Nous sommes un jeune club », admet Michel Veyronnet. Deux ans plus tard, il se hissait en Pro A pour en redescendre aussitôt. Depuis qu'il figure dans la Ligue, il a régulièrement pris le pas sur son voisin de l'Eure. « C'est un simple concours de circonstances », minimise Jean Prouin, le président rouennais.ConfrontationS : égalitéEn six confrontations en championnat, les deux clubs se sont réparti les succès. Alors qu'ils venaient d'être promus en Pro B, les Seinomarins ont enlevé le premier derby de l'histoire chez eux, le 29 novembre 2003 (87-80) et avaient confirmé au retour (77-81).La saison suivante, l'ALM avait pris l'avantage chez elle (76-64) mais avait capitulé aux Cotonniers (85-71). Lors du dernier exercice, l'ALM s'est montrée intraitable tant à domicile (70-65) que sur le parquet rouennais (72-83) où elle a marqué des points précieux dans la course au maintien. « C'était une victoire très importante dans notre saison chaotique », admet le président Jean-Paul Ruiz.Palmarès : avantage RouenLe SPO Rouen a toujours devancé l'ALM Evreux au classement final (6e contre 12e en 2004, 4e contre 12e en 2007). Même lorsque la formation de l'Eure a terminé sur le podium en 2005 (3e), son homologue seinomarine l'a devancée d'une marche (2e) et a bénéficié de cette place de dauphin pour grimper en Pro A. Par la grâce ...de la défaite des Eurois en finale des play-offs devant Brest. « Je n'ai pas de regrets, souligne Jean-Pierre Vendeville, alors président. Vu l'importance de notre ville, je ne suis pas sûr que nous ayons pu nous maintenir. D'ailleurs, Rouen n'y est pas parvenu. A choisir, il vaut mieux jouer le haut de tableau en Pro B que le maintien en Pro A.»Le SPO Rouen profite de sa stabilité depuis 10 ans, tant au niveau présidentiel avec Jean Prouin que de son staff où le seul changement fut le remplacement en 2004 de Pascal Hardy par David Dubosc aux côtés de Michel Veyronnet. Depuis son départ de l'ALM Evreux en 1995 après l'avoir hissée en Pro A, neuf techniciens se sont succédé sur les rives de l'Iton : Burguet, Fleury, Rebatet, Demory, Veyrat, Singleton, Chatiron, Thibaud et Valin. « Le SPOR doit en grande partie ses bons résultats à son coach », assure Jean-Paul Ruiz. Michel Veyronnet s'est toujours efforcé de préserver son effectif d'une saison sur l'autre, sauf l'an passé lorsqu'il a fallu amortir la descente de Pro A. Sans jamais chercher à attirer des vedettes mais plutôt des joueurs de devoir.Popularité : avantage EvreuxClub phare de la ville et du département avec Vernon en handball, l'ALM Evreux jouit d'une belle cote auprès de sa population. « Il y a un vrai public de basket depuis que nous sommes en Nationale 2, explique Jean-Paul Ruiz. A Rouen, ce n'est pas pareil, il y a d'autres activités, le hockey sur glace et le football notamment.Il y avait près de 2.500 personnes lors de notre dernier match à domicile devant Quimper. » D'une contenance de 3.300 places, la salle omnisports n'affiche cependant que très rarement complet. « Nous sommes à une moyenne de 2.000 spectateurs, précise Jean-Paul Ruiz. Nous réfléchissons notamment à une tarification pour les familles nombreuses car il est vrai que pour elles, assister à un match, ça fait une somme. »Malgré une contenance moitié moindre (1.400), le SPOR observe le même phénomène. En dépit d'excellents résultats sur le parquet, les joueurs évoluent souvent devant des sièges vides. «Depuis quelque temps, nous avons fait quelques progrès mais ce n'est pas encore ça », concède Michel Veyronnet. C'est à nous de conquérir le public. »En théorie, le SPOR héritera d'un palais des sports flambant neuf en 2010, censé attirer par son confort une clientèle plus large. A Evreux, l'avenir est plus incertain « Il est question d'une autre salle, confie Jean-Paul Ruiz. Pour l'instant, la nôtre est peut-être vieillotte mais c'est quand même l'un des belles en Pro B. »« Le SPOR doit en grande partie ses bons résultats à son coach »

A. G.



L'ALM en quête d'exploit

Le SPO Rouen et l'ALM Evreux s'affronteront demain aux Cotonniers pour la septième fois en Pro B depuis 2003. Les Seinomarins essaieront de préserver leur position de leader alors que les Ebroïciens ont l'ambition de rester dans le wagon de tête. Les entraîneurs respectifs, Michel Veyronnet et Rémy Valin, ne veulent pas accorder trop d'importance à ce derby.

Comment analysez-vous vos échecs de samedi dernier, l'un à Brest, l'autre à domicile devant Quimper ?
Michel Veyronnet : « Je ne parlerai pas d'échec à Brest (65-63). La défaite n'a rien d'insolent. Un championnat est long, il ne faut pas se laisser impressionner par une victoire ni se laisser démoraliser par une défaite. Il faut retenir le meilleur, comme notre défense, et corriger nos défauts comme la conservation du ballon (13 pertes) et notre adresse au lancer franc (57%). »
Rémy Valin : « Je l'ai mal vécue ! On doit forcément gagner ce match. Le choix tactique pris fait beaucoup parler. Je ne veux pas revenir dessus, mais faire faute, le premier lancer est mis, le second raté, derrière une claquette et le résultat est le même.Ce que je retiens c'est que nous avons joué avec Bob Menama sur une jambe, sans Eric Micoud. Quimper ne mérite pas sa place actuelle au classement. »

Quelle est l'incidence de la notion de derby sur votre confrontation ?
M. V.: « Pour moi, cette notion n'existe pas. Je n'ai aucune rancœur ni animosité contre l'ALM. Il s'agit d'un adversaire comme un autre. Nous avons préparé ce match de la même façon que d'habitude. »
R. V.: «C'est plus autour de l'équipe, du côté des supporters et dirigeants. Un derby est toujours intéressant, l'atmosphère est différente, maintenant cela reste un match qui arrive alors que nous sommes dans une spirale négative. A l'heure actuelle battre le leader Rouen serait un exploit compte tenu de tous les pépins que nous avons enregistrés ces derniers temps. »

Quel est votre souvenir de derby le plus marquant?
M.V.: « C'est le match retour, en 2004, lorsque j'ai effectué mon retour à la salle omnisports à Evreux. J'y avais de très bons souvenirs puisque nous avions réalisé une saison 1994-1995 magique (accession à la Pro A).De mémoire, il me semble que nous étions restés invaincus à domicile avec une dream team de folie : Kraidy, Zamour, Bowen Fleury. Revenir sur le banc avec Rouen, ça m'avait fait quelque chose. J'avais la satisfaction du devoir accompli. J'avais l'impression d'avoir bouclé la boucle puisque je venais de retrouver la Pro B avec Rouen où j'avais toujours su que mon destin m'attendait. »
R. V. : « J'en ai connu qu'un seul, l'an dernier, c'est celui que nous avons remporté aux Cotonniers. La seconde victoire que nous avons obtenue après avoir repris l'équipe. C'était important pour les gens, pour moi le plus important c'était les points pris pour assurer le maintien plus que d'avoir battu Rouen. »

Que redoutez-vous le plus chez votre adversaire demain ?
M.V.: «A domicile, on a toujours l'angoisse de perdre. On sait qu'il faut s'y montrer intraitable. A l'ALM, je redoute surtout le meneur Downey qui a l'air d'avoir du talent. Je crains aussi l'intensité de la défense et puis Lombahe-Kahudi qui semble être le facteur X, un joueur sur une belle dynamique, agressif et athlétique. »
R.V.: «Ce qui m'inquiète le plus... c'est notre équipe. Ce match arrive à un mauvais moment, on est diminué, pas au complet et j'aurais préféré jouer Rouen à Rouen avec toutes nos armes.»

Cette rencontre peut-elle constituer un tournant dans la saison, sachant qu'il ne restera plus ensuite qu'un match avant la trêve?
M.V.: « Non car nous sommes beaucoup trop loin de l'échéance finale. En revanche, le match retour sera sans doute un tournant. Cependant, le match de demain revêt une importance particulière pour nous car une équipe de haut de tableau ne peut se permettre de perdre deux fois de suite. Ceci dit, ça n'a rien à voir avec Evreux, si nous avions reçu Poitiers, j'aurais dit la même chose. »
R. V.: «Non, pas un tournant. Mais si on gagne dans la situation que l'on connaît actuellement, pour nous cela sera très important.»

Quels rapports entretenez-vous avec votre homologue entraîneur?
M.V.: « Il y a trois ans, il a été associé à notre projet sportif (NDLR : il était responsable de l'équipe Espoirs en Pro A) et il a choisi de s'en éloigner.La seule chose que je puisse lui souhaiter, c'est beaucoup de réussite dans sa carrière. »
R. V.: «J'ai beaucoup de respect pour sa carrière, cela s'était bien passé lors de mon passage à Rouen.»« Ce qui m'inquiète le plus c'est mon équipe »(Rémy Valin)

PROPOS RECUEILLIS PAR A. G. ET C.L